Les passions, cette part surdéterminée du pathos, aiguisent notre curiosité. Les enseignements d’Aristote, l’esthétique de la tragédie n’ont pas manqué de les mettre en évidence et, à notre époque,  elles continuent de s’alimenter grassement. Les désillusions et désenchantements, le postmodernisme avec sa dose de scepticisme n’empêchent pas la ferveur pathétique de s’exprimer. Elles trouvent un terrain particulièrement florissant sur la place publique où s’ébat la contagion.

Alors justement, qu’est-ce qu’une passion à dimension collective, qu’a-t-elle donc en commun avec l’amour, la compassion, la jalousie, ces états intériorisés dont on dit souvent qu’ils échappent au contrôle de la raison? Y aurait-il des procédés pathétiques spécifiquement attachés au débat politique?

Les milieux médiatiques et politiques sont une mine "d’emportement des âmes" et aussi des esprits. Avec le visage de la colère ou de la peur, de la fierté ou de la compassion, ils conjuguent les gammes du pardon, de la tolérance, de l’ouverture et de la solidarité. Faits à l’appui, issus de l’Actualité québécoise – des campagnes électorales, des débats sur la diversité et sur les accommodements raisonnables -, cet essai met en vitrine les passions, en exposant leurs mécanismes ainsi que les effets qu’elles ont sur notre compréhension des événements. Le jugement est atteint. Irrémédiablement.