Le présent ouvrage traite de la carrière exemplaire de l’artiste Joseph Giunta, peintre québécois d’origine sicilienne, né à Montréal en 1911 et décédé en 2001. Son oeuvre complexe montre à la fois le destin heureux et malheureux de l’artiste, adulé et jalousé, ancré et errant, connu et méconnu, d’ici et d’ailleurs, québécois et sicilien. Le paradoxe des rencontres apparaît quand les origines mauresques de la Sicile antique resurgissent au milieu des blancs de neige et des paysages laurentiens, au moment d’un intérêt pour une abstraction moderne qui prend forme et couleur dans le cheminement de Giunta.

Cette lancée à la conquête d’un nouvel art est encensée par la critique qui considère alors l’artiste comme l’une des figures de proue de l’art québécois / canadien. Soudain, le succès de Giunta est anéanti par un coup fatal provoqué par la mort de son fils unique, en 1975, dont les conséquences seront dévastatrices pour lui. La fracture, le trou, la béance incarnent cette blessure centrale dans l’expérience giuntesque. L’être gagne alors en profondeur, en justesse, en vérité. Pour faire cette démonstration, et pour le mérite seul de l’art de Giunta, une présentation de l’ensemble de son oeuvre, dans le présent ouvrage, contribue à redonner sa place à un artiste dont la contribution reste, à l’heure actuelle, largement méconnue dans le panorama de l’art québécois et canadien du XXe siècle. Et ce, injustement. Car sa trajectoire est unique, et la synthèse qu’il effectue, issue de nombreux dialogues avec l’art de son temps, admirable.